Scrum ou la 7eme compagnie?

J’ai été amené à poster quelques messages illustrant les difficultés à mettre en oeuvre Scrum ces derniers temps …

J’aimerai partager avec vous mes dernières pensées :

Oui, je me pose la question de jeter l’éponge.

L’organisation est à mon sens le coeur ou au moins la source du problème.
Une orga bicéphale :

  • une direction métier qui détermine des road-maps produits
  • une direction technique qui exécute ce que lui demande la direction métier, via le PO

Sur le fond, c’est donc de la bonne vieille MOA-MOE du cycle en V.
L’ensemble a été habillé d’Agilité / Scrum pour faire « chic » mais sans véritable volonté. On est dans une grosse structure, avec ses inerties, ses baronnies, ses références, un ADN … et une absence de management de proximité. L’auto-organisation prônée par Scrum permet opportunément au management de proximité de s’affranchir de son rôle

La direction métier voit dans l’itératif une opportunité pour naviguer à vue « c’est pas grave si je me suis trompé, on est en itératif, on va faire une US de correction au prochain sprint ». L’itératif vertueux basé sur la valeur produit a cédé le pas à l’itératif « j’ai glissé chef »

J’ai évoqué le Sprint planning. Il ne sert à rien, puisque ses objectifs ne portent aucun engagement, puisque certaines US embarquées sont finalement laissées en stand-by au profit d’autres embarquées 3 jours avant la fin du sprint « pour occuper tel ou tel » avec petite phrase à mon attention « même si ça ne va pas plaire à notre SM préféré »

La démo … que démontrer quand il s’agit « d’avancer », de « continuer » ou de « commencer » ?
La rétro … l’essentiel des feedback consiste à se plaindre des autres équipes « qui ne nous ont pas dit ça ou ça » et les actions à mettre en oeuvre se cantonnent à caler une date pour faire une sortie ou demander des vacances.

Ah si j’oubliais : « on pourrai faire une rétro seulement tous les 2 sprints, on perdrai moins de temps »
On voit bien l’implication dans les valeurs Scrum …

Le DSM est au mieux un reporting de l’activité des uns et des autres « j’ai avancé là dessus » ou « j’ai continué là dessus » voire « j’ai commencé à préparer … »
Ce matin, le PO jouait avec son chat pendant le DSM. Rigolade générale, arf arf arf
Quand le SM (moi) essaye de recadrer le DSM, les vannes fusent « attention, notre SM va faire une colère » ou autre truc hyper-rigolo dans le même genre.

Dès que je veux faire un peu d’évangélisation, soupirs, ronchonchonnages … La méthode est vue comme une contrainte, pas une aide. Plutôt comme un carcan, dans équipe où en gros chacun fait ce qu’il veut.

Alors oui, j’ai l’impression que notre équipe c’est la 7eme compagnie. Ca se marre bien, l’équipe fait à peu près tout à l’envers, y’a des pleurs, des rires, mais au final ça se termine pas si mal. Et c’est ça le pire (ou le meilleur) : globalement, les sacro-saintes roadmap sont tenues, à 1 mois près en général.

Le truc, c’est que je ne vois pas la valeur ajoutée du SM dans cette équipe…

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Dur à entendre, mais effectivement tu poses la question à la fin qui me venait en te lisant : à quoi veux-tu servir dans cette organisation ? S’ils sont bien comme ça et qu’ils ne veulent pas changer ils n’ont sûrement pas besoin de toi.
Ça peut être difficile à accepter personnellement, je pense qu’il faut pas le vivre comme un échec, je pense que j’irais voir ailleurs si l’herbe est plus verte.

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Hello,
Eh bien, j’avais pas suivi, mais ton environnement est carrément toxique pour toi.

Suivant ta situation perso, as-tu des possibilités de changer d’équipe en interne vers une qui serait plus motivée et collaborative dans la mise en place/l’utilisation de Scrum? auquel cas postule. Sinon effectivement si possible de chercher du taf ailleurs ca vaut le coup.

une autre possibilité est de leur proposer un framework kanban qui semble mieux correspondre à cet état de fait ou ca change vite et où il n’y a pas d’objectif produit clair. leur montrer des mesures de cycle time/lead time/ WIP/ qualité pour montrer leur performance en tant qu’équipe et les faire parler dessus
Ils pourront mettre tout de même un cadencement pour des review et retro sur 1 mois mais n’auront plus cette notion d’itération qui n’a pas de sens pour eux.

Et surtout pour toi, avant de réellement t’épuiser, bien penser à pourquoi tu veux les « sauver » ou pas :wink:
Que la force soit avec toi !

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@Ingrid-T En fait, je viens d’une autre équipe où on avait réussi (dans la même boite) à mettre en place un fonctionnement scrum satisfaisant. Pas parfait mais vraiment très correct.

On m’a proposé de rejoindre l’autre équipe où l’on savait tous que c’était « compliqué » (j’aime la pudeur du terme).
En fait, ce qui saute aux yeux, et qui est souvent minimisé, c’est le facteur humain. Si tu as un PO bordélique, si tu as un Dev qui n’en fait qu’à sa tête, si tu as des gens rétifs à toute forme d’encadrement/méthodologie, quand c’est le dernier qui a parlé qui a raison … ça ne fonctionne pas.
Scrum ne propose pas de hiérarchie, il n’y a pas de « chef » pour recadrer tel ou tel truc.

L’avis du SM reste un avis. La préco du SM reste une préconisation. Le SM n’a pas les moyens d’imposer les choses. Si la totalité de l’équipe n’adhère pas, on court à l’échec

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Build projects around motivated individuals.
Give them the environment and support they need,
and trust them to get the job done.

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Bonjour,

Je partage un bilan similaire. Apres un an à faire des efforts pour montrer l’utilité d’un PSM (qui ne fait pas que de la planif d’événements), c’est reparti à zero.

L’organisation change, un nouveau middle management, pas de volonté réelle dans l’excellence operationnelle, l’agilité, un role de PSM non compris, non appris.
Et je disparais à nouveau de l’organigramme :frowning: Quelle ingratitude ce job !

Et pourtant, des collaborateurs sympas qui me disent etre content d’avoir appris des choses avec moi, leur team lead content d’avoir quelqu’un qui le challenge sur ces pratiques et d’apporter un regard différent.
Ouf, mon estime remonte, :slight_smile: Finalement, il y a des gens qui m’aiment !

Le bilan, on peut aider seulement ceux qui veulent l’être ! Et si l’organisation ne veut pas, alors que faire ?

Le mandat me semble le bon moyen :

  • de se preserver, vu que j’ai tendance à vouloir sauver le monde.
  • d’ouvrir le dialogue sur la reelle volonté
  • d’identifier les personnes / equipes qui veulent progresser.

@Norbert, Et si personne ne signe alors il sera peut etre temps de partir :wink:

Qu’en penses-tu ?

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Hello à tous, je ne suis scrum master (stagiaire qui plus est), que depuis deux mois mais avec 35 ans d’expériences professionnelles tous azimuts, et plus ou moins comme « partenaire ». Donc j’ai vu fonctionner des entreprises de toutes tailles, même des associations. Et là je ne vois rien de très différent.
Si je devais résumer le rôle de Scrum master, à l’aune de ces deux mois et de ce que je lis sur le forum, je dirais que c’est un poste pour des personnes qui ayant dans l’idée de faire du bien aux autres vont s’en faire à elle-même.
Un poste qui va nécessiter beaucoup de savoir prendre sur soi quand le rôle enseignerait la transparence, et au final que je comprends tout à fait qu’un technicien pourrait probablement endosser une partie du poste mais sans jamais atteindre le rôle s’il n’a pas des qualités psychologiques et une empathie fortement développées;
J’ai bien différencié « poste » et « rôle » car pour le premier c’est ce que je vois/lis au quotidien, pour le second c’est ce que l’agilité/Scrum sous entend/propose/conseille/guide.
Dans cette vie, pour l’équipe la plus aboutie je dois demander en fin de SP si on peut avoir un Sprint Goal inscrit dans Jira parce qu’on a seulement pris des tickets qui avancent vers le même objectif global (une migration d’infra).
Équipe dont le PO souffle « Quel boulet » suite à une conversation online avec son futur remplaçant à qui il doit transmettre en trois mois un bébé hyper technique qui implique l’utilisation de 4 ou 5 logiciels de support, et bébé que ce PO partant a lui même développé et géré pendant plus de 6 ans ; mais que son remplaçant était tout de même déjà dans l’entreprise, juste dans une équipe dont le process/sujet de dev est juste avant (donc ce n’est pas une brêle, ni un tombé du nid sur le sujet). PO qui par ailleurs souhaite en rétro « que la passation se passe bien’.
Pleine de bons sentiments je lui accordais des capacités de transmission et de l’empathie en lisant sa mise à jour de doc que je lui avais suggéré de faire avant de partir. Ce à quoi il semble attaché puisqu’il apprécie lui même des départs en vacances « propres ». Je l’ai même félicité pour l’excellence, la complétion et le côté didactique de ses mises à jour !
Au final, j’en suis venue à me demander si en fait ce n’est pas tout simplement un hyper exigeant orgueilleux no empathie, juste un vernis.
Et dans l’autre équipe que je suis censée prendre en charge seule après deux mois, j’ai une PO qui m’a dit après ma première intervention en Sprint Review : » tu es stagiaire, tu es là pour écouter sans intervenir", je vais propose que tu réorganises le Confluence (ce que je fais donc).
Donc je fais des rétros (ROTI 4 et plus sur 5) ; en fin de Sprint Planning j’explique au nouveau PO team A qu’il ne doit pas surcharger l’unique dev qui est là, l’autre étant absent pendant deux mois. Que ce dev pourra toujours tirer du sprint n+1 s’il a fini le reste, mais que vu les anomalies insolubles par Techleaddev/SRE/infra depuis 2 semaines, ça risque de traîner encore, surtout que par ailleurs ce dev est au fond du code sur l’ano… Il me répond, je préfère mettre ces 3 points en plus dans le Sprint, si c’est pas fait tant pis ça passera au n+1, je lui rappelle que ce n’est pas le principe Scrum, ni pour le dev ni pour la vélocité, ni pour… « mais je préfère que ce soit comme ça ».
Ah, j’oubliais, ils ont des Scrum Masters qui se succèdent depuis … x années (devrait être mois mais c’est années)
Evangéliser ? On en est encore là ? On garde la foi ? Parce que là il ne s’agit pas d’envie ni de motivation, il s’agit de foi… et encore, pas dans l’être humain hein.
Je souhaite bon courage à tous ceux qui débutent, je rappelle qu’à l’impossible nul n’est tenu et que ce qui compte c’est d’être capable de se sentir fier de ce qu’on a accompli, même si ça n’a pas abouti.

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