Tout d’abord, je n’ai pas dit que le nombre de dépendances favorisait le cycle en V.
Simplement que le cycle en V tant décrié n’est pas selon moi une abomination, que cela restait un choix raisonnable.
Je suis plutôt agnostique sur les méthodologies telles qu’on nous les vend. En vrai, je pense qu’on surestime leur importance dans le succès d’un projet. J’ai l’habitude de dire, un brin provocateur je le reconnais, que l’Humanité n’a pas attendu Scrum pour construire des Pyramides ou envoyer des hommes sur la Lune.
Cela étant posé, pour développer un peu plus ma pensée, j’ai l’impression que la méthode Scrum fonctionne de façon optimale lorsqu’il est aisé de découper le projet en sprints. Cela suppose que les dépendances entre les acteurs, les composants et les tâches ne soient pas trop fortes.
De ce que j’observe, la méthode Scrum est particulièrement puissante sur les sujets de développement des features ou en phase de mise au point d’un MVP, par exemple, là où justement une équipe, souvent réduite, peut agir sans trop se soucier des autres.
Par contre, sur les sujets d’intégration d’ampleur, mise en place de progiciels de type ERP par exemple, qui mobilise toute l’entreprise, j’ai rarement observé l’utilisation heureuse de méthodes Agile, et quand bien même il y a une volonté de mettre en place de telles méthodes Agile en début de projet, il y a très souvent une tendance naturelle à revenir à une méthode plus classique de type waterfall. Est-ce parce que les équipes projet ne maîtrisaient pas suffisamment l’Agile ? Vous pourriez arguer que oui, mais j’ai quand même le sentiment qu’il y a quelque chose de plus profond.
Une des pistes pour expliquer ce phénomène est de se dire qu’un projet est bien plus qu’une liste de tâches et une méthode pour les réaliser. C’est aussi une multitude de décisions à prendre. Et que selon la nature de ces décisions, les méthodes Agile ne sont pas les plus adaptées.
Il y a des décisions réversibles, où revenir en arrière a un coût faible ou acceptable. Il s’agit de la majorité des décisions. Mais dans un projet d’intégration d’ampleur, il y a aussi des décisions irréversibles, qui peuvent fortement engager la société sur le plan commercial ou stratégique, et qui souvent coûtent très cher à implémenter, et encore plus cher à défaire, quand cela est possible ce qui n’est pas toujours le cas.
Dans de tels projets où on observe ce genre de décisions, souvent à cause des fortes interdépendances (intrications même) qui rendent ces décisions irréversibles, je pense que les méthodes Agile perdent beaucoup de leur pertinence et qu’une phase de cadrage, d’étude amont, de spécifications (peu importe la terminologie) avec des jalons et une grande coordination entre les acteurs est incontournable, à mes yeux.
C’est d’ailleurs un peu le sens de ma question dans un autre topic que j’avais ouvert il n’y pas très longtemps. J’espère en tout cas avoir été plus clair.