Le burn de l'agilité

Benjamin, ton post m’a interpellé. Je ressens aussi un peu les mêmes choses et je me suis également posée la question ; que faire pour sortir la tête de l’eau ? Me concernant, il y a truc très simple qui marche pour moi : se contenter de petites victoires et les savourer. Un exemple ; dans un contexte de transformation agile dans un monde très vieille école, pas plus tard qu’il y a quinze jours, l’un des membres de mon équipe (vieille école) a enfin compris Et expliqué aux autres membres (vieilles écoles également) qu’il fallait adapter la charge de travail à la durée du sprint pour que ce soit réaliste et réalisable, et non plus donner un délai sur un certain nombres de tâches à faire à l’ancienne :" bon ,il y a ça, ça, ça et ça à faire pour demain svp, c’est urgent, débrouillez-vous. Pas le temps ? Veux pas le savoir." (en exagérant un peu :wink: )ça m’a fait plaisir ! Vous pouvez pas imaginer. Ce qui me motive le plus, c’est de savoir que l’agilité, Scrum, etc. c’est du bon sens finalement. Moi j’ai le sentiment que nous sommes les premières générations du changement et que nous travaillons sur la partie la plus difficile puisqu’il s’agit de changer le mind set, non ? Ce sera peut-être plus facile pour les prochaines générations d’agilistes. Et aussi quand j’entends parmi la jeunesse : « moi je ne veux travailler qu’en agile ». J’ai le sourire pour la journée.

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J’aime beaucoup ton analyse. Et elle rejoint mon expérience : l’équipe dans laquelle j’ai vécu la meilleure agilité (etat d’esprit) et la meilleure application du framework Scrum avec tout ce qu’il faut comme remises en questions et expérimentations, etait une equipe dans laquelle on developpait un produit interne à destination des salariés, donc sans réelle question de profit. CQFD

Bonjour à tous,

Sujet particulièrement sensible car touche à la politique !

Effectivement, je rejoins certains : l’agilité a été créée dans un monde capitaliste pour délivrer plus de valeur, donc de bénéfices pour l’entreprise qui l’utilise.

Seulement, lorsqu’on somme toutes nos difficultés et réticences rencontrées lors de la gestion de projet en agilité, on voit bien que le système actuel n’est pas en accord avec les valeurs de l’agilité.

  1. Le capitalisme est basé sur une concurrence des individus, dans cette course effrénée à l’augmentation du capital.

Cette concurrence va à l’encontre des valeurs de communauté, de partage et de transparence dans une équipe agile.

  1. Dans le capitalisme, ce sont les actionnaires (donc ceux qui possèdent le capital) qui prennent les décisions.

L’agilité donne la prise de décisions aux équipes qui créent la valeur, au plus bas de l’échelle hiérarchique.

  1. A l’inverse, dans une équipe agile, il n’y a pas de place pour les emplois « à la con » car sans création de valeur, cela sera mis en visibilité et la personne réorientée avec une formation.

Cela aidera à l’augmentation de la valeur ajoutée et du capital, pourtant il existe un nombre incalculable de réunions et de rapports inutiles impossibles à supprimer.

  1. L’agilité prône des valeurs d’apprentissage et d’amélioration continue, alors que pour les entreprises pyramidales chaque personne est remplaçable de manière instantanée et que le coût de l’apprentissage est négligé.

Il y a toujours l’exemple de l’apprentis qui ramène à l’entreprise les subventions d’Etat, sans prise en compte du temps passé à le former, quitte à ne pas le former du tout…

  1. Le produit final est souvent pour des utilisateurs, personnes à différencier de ceux qui paient (clients et sponsors).

En cas de sujet de désaccord, ce sont ceux qui paient qui choisissent, au détriment du besoin utilisateur.

Ce sont, entre autres, ces exemples qui me font dire que :

Même si l’agilité est issu d’un besoin de produire plus, cela est maintenant beaucoup plus que cela, comme :

  1. Chercher un sens à son travail (réflexion, éthique, réponse à un besoin, etc.)
  2. Travailler en communauté est important et utile à l’humain (même depuis le paléolithique)
  3. Chercher un équilibre vie pro/vie perso (Pourquoi donner sa vie à une entreprise qui se débarrassera de toi à la première difficulté ?)

Voilà j’ai rajouté mon grain de sel !
Pour conclure, je reprends le message de la communauté : « Continuons de planter des petites graines! »
Peut-être qu’un jour, l’administration française fonctionnera en OKR agile :wink:

Bonne journée à tous,

On voit que ce sujet est cyclique.
Entre l’agilité continue à être remis en question.

Plus on veut définir l’agilité, plus on crée des oppositions, des « ah oui, mais moi je pense que ».

L’agilité qui sous-entend une acceptation de l’inconnu, de l’adaptation, préoccupe et rend inconfortable la situation qui pourtant existe. Alors, on se (re)fabrique des règles, des processus, à coup d’affirmation bien solides (mais qui ne repose que sur des « j’ai entendu que »)

Pour ma part, et ceux qui me suivent un peu le savent, je ne parle plus vraiment d’agilité mais de transformation (et encore le mot me pose problème) organisationnel.

En tant que signataire du manifeste agile agnostique, je reconnais qu’il y a plus dans l’agilité que l’agilité elle-même, et donc j’essaie de trouver mes sources d’inspiration au-delà des cadres et références de l’Agilité.

Puisqu’en tant qu’agilistes nous reconnaissons plus de valeurs dans les individus et leurs interactions que dans les process et outils, je me suis intéressé aux sciences des individus et de leurs interactions (sciences sociales, psychogie sociale, etc) afin de pouvoir adresser les problèmes d’accompagnement de façon différentes (notamment pour éviter de me prendre de taules avec les enjeux de pouvoirs invisibles, genre palais des glaces). Là je suis en train d’étudier comment la Nature fait ses transfo (biologie évolutive), et j’adopte de plus en plus le parti pris de la science de la complexité et de Cynefin. Être catalyseur d’émergence positive, et ne plus parler d’agilité à mes clients si je sens que ça coince, ne pas imposer mon habitus et respecter celui des autres.
J’aurais même tendance à vouloir plus parler de transmutation que de transformation. Et me détacher complètement du Shu-ha-ri pour adopter d’autres formes introspectives plus proches de ma culture