Scrum Master, le "care" du monde informatique?

Bonjour à tous,

Je poste le sujet ici pour réflexion ouverte, je n’ai pas de réponse.

Postulat 1 : Dans mon contexte, le rôle de Scrum Master est à 90% porté par des femmes.
Postulat 2 : Dans mon contexte, les compétences entre-autre du Scrum Master :

  • d’écoute ;
  • de rigueur ;
  • d’aide à l’auto-organisation n’intéressent pas les hommes (qui sont majoritairement expert technique, développeurs, etc.)

Postulat 3 : Dans mon contexte, les 10% d’homme Scrum Master sont centrés sur les indicateurs et pas vraiment dans l’accompagnement de l’amélioration continue de l’équipe.

Je précise Dans mon contexte et majoritairement à chaque fois, car ce que je vois n’est qu’une partie de la réalité et je peux avoir un biais dans mes statistiques lié à mon lot de données :wink:

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le concept de « care », c’est le mot anglais pour soin et utilisé dans les mouvements féministes pour dire que les femmes sont majoritairement dans les métiers du soin (infirmières, institutrices, etc.) et que les hommes sont majoritairement dans les métiers de la technique.
Pour ne froisser personne, je précise également que c’est une tendance (heureusement avec ses exceptions).

Pour ouvrir encore plus le débat, je vais élargir le rôle de Scrum Master à Facilitateur/Facilitatrice.

En conclusion, la problématique que je soumets est :

Y-a-t-il un biais de genre pour le rôle de Facilitateur/Facilitatrice dans l’agilité ?

Bonne réflexion :beach_umbrella:
:wink:

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C’est vraiment un sujet intéressant, merci !
Et ça me fait réflechir car dans ma carrière j’ai vu bien plus de Scrum Master hommes… Et d’autres collègues (hommes comme femmes) sont d’accords autour de moi. C’est plus sur les métiers de Product Designer et Product Manager que je vois plus de femmes que d’hommes.

Par contre, sur l’empathie, c’est kiff kiff : j’ai rencontré autant de SM femmes qu’hommes centrées sur les KPIs que de SM sur l’empathie. Je pense qu’il y a cependant une tendance féminine à être dans le « care », en effet. Par contre, je ne sais pas pourquoi, j’ai mes hypothèses mais il y a sûrement des études scientifiques qui en parlent mieux que moi !

Et pour ta question : c’est évident qu’il y a un biais ! Voilà. :stuck_out_tongue:

… Ok, pour aller un peu plus loin : ce n’est pas vraiment tant par rapport au sexe biologique que je vois le biais, mais plutôt par rapport aux systèmes de valeurs des personnes qui s’intégrent dans l’agilité, et surtout dans la facilitation. D’ailleurs Facilitateur est bien souvent plus une vocation qu’un métier à proprement parler, même si ça a tendance à changer de nos jours, et de plus en plus de personnes viennent là dedans pour l’argent « facile », d’où un sentiment d’incompétence qui augmente autour de moi et d’amis / collègues…

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Malheureusement, je trouve ça un peu simpliste vos conclusions.

Ce que j’ai vue dans carrière en informatique, autant de femmes que d’homme avaient les compétences techniques et mêmes choses dans le rôle d’accompagnant d’équipe voir facilitateur.

Je suis beaucoup de choses en agilité. Mais, ce n’est jamais le côté technique qui m’a intéressé le plus. Mais c’est, l’amélioration, l’accompagnement, leadership et la facilitation. Je laisse les KPI au comptable. D’ailleurs, il y a beaucoup de femmes finissantes en comptabilité dans nos universités au Québec en passant. Même chose pour les écoles de mécanique. Tant mieux, le meilleur fera le job, surtout si sait sa passion.

L’autre point qui me rend triste. C’est que les femmes ont mené depuis des générations un combat pour, selon mon interprétation, d’enlever cette séparation basée sur le sexe et ce que les « habilités »’ naturelles ont ou pas les femmes.

Donc, ramener cette séparation, j’avoue m’horripilé un peu. Demain matin, j’ai besoin d’engager un Scrum Master ou Coach Agile. Je vais d’abord regarder l’ensemble des besoins (technique, humain, « Soft Kills », Leadership, facilitation, etc) que j’ai besoin.

Le critère Homme ou Femme, ne font jamais partie de ma réflexion. Car, j’ai travaillé avec autant gens incompétents hommes ou femmes. La bonne personne qui fera bien le job. Je voudrai l’engager quelles soit un homme ou une femme, signe ou un robot, pourquoi pas. J’ai besoin de l’ensemble de ces qualités et non pas qu’elle soit un homme ou une femme.
Chaque projet a besoin de profile particulier. Parfois, le SM avec tous ces KPI est nécessaire. Tandis que dans un autre, c’est celui de facilitateur, voir psychologue.
Bruno Larouche

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Ce n’est pas une simple tendance. C’est le principe d’une société genrée de spécialiser les individus dans des stéréotypes de genre. Dans les sociétés patriarcales, comme les sociétés occidentales, les hommes s’approprient les rôles de pouvoir et techniques ; les femmes sont reléguées aux rôles sociaux. C’est imperceptible et inconscient (ça nous parait normal, ou « naturel » alors que c’est un pur choix discrétionnaire) mais pourtant bien réel.

Un exemple de ce phénomène est assez simple à voir : il suffit de se balader dans un magasin de jouets pour enfants. La plupart sont genrés (il y a un rayon fille et un rayon garçon séparés) et il est peu probable que vous voyiez des dinettes ou des aspirateurs-jouets côté garçons, de la même manière que les voitures télécommandées et les menottes de policier sont absentes des rayons fille. Quand au soin, les filles ont des déguisements d’infirmières alors que les garçons ont des déguisements de docteurs (ce qui dans notre fantasme collectif représente la dualité entre un rôle - humain - de soignant et celui - technique - de prescripteur).

Sur le pourquoi du comment, je ne m’y aventurerais pas, de nombreux anthropologues y sont allés de leur théorie depuis plus de 200 ans, dont la plupart revendiquent (ou sont à la base) des influences religieuses ou politiques.

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Merci Nadège pour cette interrogation, c’est en effet important de se poser la question des biais genrés dans l’informatique ! D’autant plus qu’avec 90% d’hommes dans la profession je trouve difficile de pousser la réflexion au niveau proposé par ton message.

Je n’ai pas spécialement d’avis sur la question. De mon expérience tous les scrum masters étaient issus de la technique et donc bien souvent des hommes.

Mais c’est vrai que ça m’interroge sur mon suivi des métriques :blush: même si j’essaye de pousser les 3 autres points avancés, pour ce qui est de l’écoute c’est plus des focus par moment que de façon plus ou moins permanente.

Bruno, je pense qu’on est tous d’accord pour dire qu’à compétence égale on ne doit pas discriminer les femmes. Aujourd’hui on est d’ailleurs arrivé à une égalité de droits entre les femmes et les hommes (en France j’entends, je ne connais pas la loi dans les autres pays). Par contre l’égalité de fait elle n’est pas encore advenue. Il est important de faire attention aux biais justement car on peut se retrouver à discriminer non pas consciemment mais de façon inconsciente, ce qui constitue une part essentielle des discriminations aujourd’hui. Y a des études qui ont montré que par exemple dans les Code Reviews les développeurs hommes étaient beaucoup plus tatillons quand il s’agissait de commenter le travail femmes. Y compris dans l’Open Source, à partir du moment où l’avatar ou le nom de la personne laissait penser que la contributrice pouvait être une femme. Jamais on ne pourrait penser à ce genre de biais sans 1) des études sur le sujet et 2) être conscient qu’il vaut rester vigilant. Y a beaucoup de choses qui se jouent autour du travail et le fait de s’occuper des enfants également, malgré le discours égalitariste porté par les hommes. Dans les faits les femmes continuent majoritairement à s’occuper des enfants.

Et cette question du care est super importante du coup car à compétence égale, est-ce qu’on va prioriser des soft skills liées au Care pour une femme contre d’autres soft skills attribués généralement aux hommes ? Rien n’est moins sûr. Donc je ne pense pas qu’il faille être horripilé par ce genre de questionnement et que ça doit être au contraire l’occasion de remettre en cause nos biais comme l’a gentiment proposé Nadège.

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J’ai voulu éditer mon message car il n’est pas très clair quant à l’éducation des enfants mais je n’ai plus le droit de l’éditer.

Ce que je voulais mentionner c’est le fait que les hommes vont en général privilégier le travail aux autres obligations, sans même s’en rendre compte et sans se dire qu’il est possible de faire différemment. Il n’est même pas imaginable de ne pas assister à telle ou telle réunion par exemple. Par contre pour les femmes qui sont plus dans le care, si. Le résultat c’est que malgré les déclarations d’intention des hommes, les femmes vont beaucoup plus s’arrêter pour s’occuper d’un enfant malade que les hommes.

Tout ça pour illustrer le fait que les biais sont ultra importants et que la question initiale l’est aussi et qu’on ne peut pas la rejeter au nom d’un égalitarisme de droit.

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Merci à tous pour vos réflexions et participations !

Ca me fait très plaisir de voir que l’on va tous dans le même sens :

  1. Que les hommes et les femmes doivent être égaux
  2. On a encore des biais dans notre société
  3. Si on en est conscient, alors on peut y faire attention et prendre des actions.
    Bonne rentrée !
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