Scrum washing - demandes de retours d'expé : quand personne ne semble vraiment vouloir Scrum

Bonjour,

Avertissement : j’entre un peu dans les détails de mon contexte (surtout pour m’épancher, parce que la situation me pèse), mais ma question est dans le titre : j’attends des retours d’expérience, svp. :pray:t4:

Contexte :
C’est ma première expérience officielle de Scrum Master (maintenant 7 mois), et je suis bien déçue de la pratique, par rapport à la théorie :wink:

Le client (selon ce que m’en a dit mon Management) était volontaire dans le choix du cadre Scrum.
Mon Management est favorable à ce cadre, et l’équipe dit souhaiter progresser vers pluss de Scrum.
Pourtant, j’ai l’impression qu’à part moi, il n’y a personne qui veuille vraiment s’en donner les moyens…

Il y a beaucoup d’opacité entre l’équipe et le client, (surtout du côté du service informatique, dont notre P.O. fait partie), pas de confiance, pas de transparence.
Un seul point de contact : la P.O., qui semble réticente à ce qu’il en soit autrement.

Je vais forcer un peu pour avoir des entretiens avec les gens du service informatique chez le client, malgré les réticences de la P.O., et prendre un peu la température, créer un peu de lien, humaniser tout ça, mais il se pourrait que toute cette inertie, cette opacité, ces mystères, soient liés à un projet de refonte du SI par le SI :stuck_out_tongue_closed_eyes: (refonte du système informatique par le service informatique). Refonte qui pourrait bien se faire, à terme, SANS notre équipe…

Autrement dit, mon hypothèse (qui colle avec tous les indices, et expliquerait bien des choses), c’est que le client est en train de penser une refonte qui va induire qu’il se sépare de nous.

Si j’ai bien compris (je ne suis pas technique) : l’appli a 7 ou 8 ans d’âge, faite de couches superposées de code dans de vieilles technos, l’infra est instable, la sécurité laisse à désirer, et les dév sont tous des reconvertis, dévoués et volontaires, en sous-effectif, qui bricolent là-dedans pour maintenir l’appli comme ils peuvent.
Bref, on peut comprendre la démarche du client. Elle est saine. Mais, on risque de sauter!
Et c’est peut-être pour cela que l’omerta règne : ni notre Management, ni le client, ne tiennent à faire paniquer les dév qui pourraient bien aller chercher du boulot ailleurs, un peu trop tôt.
Tout cela est le fruit de mon raisonnement personnel : je suis peut-être complètement à côté de la plaque! :roll_eyes:

Voilà. Ca fait du bien de pouvoir en parler. Et ce n’est PAS le sujet de ma question (mais vous pouvez rebondir si vous voulez, hein? :laughing:)

Admettons que je me trompe! et que tout cela ne soit que les expressions diverses d’un phénomène bien connu: la résistance au changement (+ peut-être un peu de stratégie de la part de certains éléments qui veulent se garder un pré carré…)
Avez-vous déjà connu ça?
Si oui, pouvez-vous raconter? (ça a duré combien de temps? Vous vous en êtes sorti-es comment? est-ce que parfois, il faut se résigner, et partir vers d’autres aventures? etc. etc.)
Très intéressée par vos témoignages, svp!

Un de mes amis me dit que le Scrum washing (ou Agility washing) serait un classique en France, lié à la culture : le framework vient des USA où le travail collaboratif, l’intelligence collectif, la notion win-win, le fait de vouloir faire gagner son équipe, etc. sont des notions « normales », alors qu’en France, on a l’habitude d’un management vertical, avec le respect d’une hiérarchie, des concurrences entre membres d’une même équipe, etc.

J’ai fini!
Merci de m’avoir lue! :pray:t4: :kissing_heart:

PS : il y a une étiquette « Discourse » dans la liste de celles qu’on peut associer au message. Je ne sais pas ce que ça veut dire… Quelqu’un-e pour me déniaiser? :stuck_out_tongue:
PS2 : @const est-il prévu dans un futur proche qu’on puisse créer des étiquettes, nous, les utilisateur-trices du forum? Merci! :slight_smile:

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Si tu n’as pas peur de lire, on a déjà un peu parlé de ça ici : Le burn de l'agilité

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J’ai déjà connu un truc similaire. Si tu as cette réflexion, il est possible que d’autres dans l’équipe l’aient aussi. Une première piste serait de se dire que t’en parles aux managers, dans le sens « il se peut que d’autres pensent ça et se mettent, si ce n’est pas déjà fait, à chercher ailleurs ».

Pour ma part, les managers étaient justes très nuls ! Ils ne voulaient pas se séparer de l’équipe mais résultat… ils ont perdu les 3/4 de l’équipe qui ont démissionnés (avec effet boule de neige après le premier départ).

Je ne suis pas d’accord, le preuve, Scrum (et d’autres framework) vient des US, ça démontre bien que y’a un besoin là-bas aussi. Oui, on a l’habitude, mais là-bas aussi, l’agile bashing/washing et présent tout autant aux US de ce que je peux en voir.

Je sais pas faut demander à @Moosh si on peut et si c’est pertinent :slight_smile:

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Pfff me suis fais grillé par @Samuel_Abiassi encore !

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Si je pousse un peu plus loin, les racines sont plus nippones qu’américaines… mais bon.

Oui pour le lean d’où découle tout. Mais Scrum a été créé par des américains.
Et puis Toyota, je ne sais pas ce qui vient d’eux vs de Deming ni où il a pris ses idées.
A creuser, mais ce n’est pas le sujet :slight_smile:

ha j’ai pas fini ma réflexion : Et de leur dire à ses managers, si c’est pas le cas, je soulève un risque, on peut travailler ensemble pour améliorer la comm.

Si c’est le cas et qu’ils font exprès, bah ils sont nuls.

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Nan, la pierre fondatrice, c’est cette article : The New New Product Development Game

Le terme oui et l’analogie, mais le principe même, je ne sais pas. De toute façon, une idée c’est l’imbrication de pleins de petits trucs qui nous influencent.

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Maintenant je voudrais revenir sur cette partie du problème (qui est hors scope de ta question).
Quand tu écris :

Quand tu écris ça, j’ai envie de répondre « et alors ? ». Imaginons que le client ne cherche pas à se débarasser de vous, ce problème reste là et est important (voire serait la cause du pourquoi il ne vous compte pas dans la refonte du SI).
Donc demande-toi, au quotidien, concrètement, qu’est-ce qui se passe de bien et de pas bien et que tu peux relier factuellement ou presque aux problèmes que tu vois ?
« Un seul point de contact » que se passe-t-il de néfaste à cause de ça ? Et est-ce qu’il y a des points positifs ? Pour qui ?

Je ne connais pas cette situation
J’aurais tendance à dire, pour en revenir au sujet de ta question :

  • donne toi une vision de ton rapport au travail
  • fixe toi un premier objectif que tu souhaites atteindre dans le cadre de ta mission et qui correspond à ta vision
  • teste des trucs pour atteindre ton objectif
  • analyse tes résultats
  • itère ou pivote

Tente d’appliquer à toi même ce que tu souhaites appliquer à ton projet

Si les objectifs sont par d’exemple

  • amener plus de transparence sur le projet en faisant en sorte que vision produit et incréments soient communiqués
  • impliquer le PO dans l’équipe et la qualité des objectifs de sprints
  • amener les parties-prenantes à assister aux reviews et à donner du feedback
  • embarquer les équipes
  • et j’en passe…

Note toutes ces problématiques sur des post-its, fixe toi des résultats à atteindre, des objectifs et priorise.
Déjà, des objectifs clairement établis et fixés seront un vrai facteur de motivation dans ton travail (on sent impatience et découragement dans tes propos :pensive:).

Si tu vois que tu ne peux pas atteindre tes objectifs, pour toutes les raisons évoquées et sur lesquelles tu ne peux pas avoir la main, il sera peut-être logique de pivoter (voire ailleurs en gros)
Il serait « suicidaire » de continuer dans un environnement qui ne permet pas de t’épanouir

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J’ai déjà connu un truc similaire. Si tu as cette réflexion, il est possible que d’autres dans l’équipe l’aient aussi. Une première piste serait de se dire que t’en parles aux managers, dans le sens « il se peut que d’autres pensent ça et se mettent, si ce n’est pas déjà fait, à chercher ailleurs ».

Pour ma part, les managers étaient justes très nuls ! Ils ne voulaient pas se séparer de l’équipe mais résultat… ils ont perdu les 3/4 de l’équipe qui ont démissionnés (avec effet boule de neige après le premier départ).

J’ai déjà fait ça : alerter mon management. Ils connaissent le risque, mais, à les entendre, le problème vient du client qui, notamment :

  • ne veut pas débloquer les fonds nécessaires pour les recrutements indispensables au bon fonctionnement de l’équipe (notamment un Dévops). Ce qui ajoute de l’eau à mon moulin de soupçons que le client entend se séparer de nous à plus ou moins court terme;
  • ne joue pas le jeu de l’agilité.
    (Mais mon management non plus!)

Exactement comme tu dis, ils ont connu un effet « boule de neige » que tu décris, il y a un ou deux ans, où, à l’annonce d’une baisse de budget du client, la panique a gagné certains éléments de l’équipe, et après une première dém, il y en a eu 3 ou 4 autres à la file… Du coup, maintenant, le management refuse de donner les infos « touchy » en toute transparence à la nouvelle équipe, par peur de revivre le même phénomène.
Par exemple, on m’a interdit de mentionner le mot « budget » devant l’équipe, au moment où il fallait annoncer qu’un des dév était muté sur un autre projet. Alors que c’en était la raison!
J’ai vécu des choses angoissantes dans ma vie, mais j’avoue que cette réunion-là me laissera un souvenir impérissable! :sweat_smile:
Heureusement, mon ange gardien était là et personne n’a posé la question fatidique : « c’est une question de budget? »
Et la P.O., elle, a très bien su mentir sans sourciller, ça ne lui a pas posé de problème.
C’est là qu’on voit que je suis une bleue.
J’ai choisi Scrum par foi en la transparence, et je suis confrontée à la … réalité du bizness!

Bref, on vit dans les non-dits en pagaille, les secrets, et, selon moi, ça a l’effet inverse de celui recherché : ça ne rassure pas du tout les dév, qui ne sont pas des idiots, ça les laisse penser qu’il y a quelque chose d’indicible qui se trame, et que ça ne sent pas bon pour l’avenir du projet…

Ma prochaine carte à jouer, c’est d’en parler à un des responsables côté client.
C’est casse-gueule, parce que je vais la jouer « électron libre » = ni avertir qui que ce soit, ni demander d’autorisation. Mais, je me sens tellement impuissante, coincée dans une ornière, à cause de toute cette opacité, et cette obligation de marcher sur des oeufs constamment, que je deviens (peut-être exagérément) téméraire, et j’ai trop envie que ça bouge. Vers pluss de concorde ou dans le mur, mais que ça bouge! :weary:

Merci, Nicolas, pour cette liste qui va m’être très utile! (Je me l’imprime, tiens!)
(Et bravo pour le combo ‹ pragmatisme, respect & bienveillance › :pray:t4: :+1:t4: :heart_hands:)

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As-tu vraiment envie de continuer dans un tel environnement ?
Que risques-tu à dire la vérité ? « Oui, c’est que le coût n’est plus supporté par le client » => t’as pas dit « budget », c’est bon.

Mon conseil est de faire attention à TOI. Si tu n’es pas en accord avec ce fonctionnement, s’il te pèse, tu vas en être la première victime et c’est bien plus destructeur que ce qu’on peut croire.

Dans ce cas-là, moi si j’étais toi j’écouterais mon instinct :slight_smile:

(attention quand même à ta situation pro, financière etc.)

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@const mais tellement!
Et merci de souligner que je doive penser à moi aussi.

C’est ce que je me (re)dis depuis quelques jours : je souffre, et ça n’est pas normal.
Je n’ai plus l’élan du début, je me sens comme un rat de laboratoire qui doit trouver un chemin dans un labyrinthe et ne rencontre que des impasses… J’essaie plein de choses, (ou j’ai l’impression), tout en marchant sur des oeufs, et je ne parviens à (presque) rien.

En plus, tout compte fait, le full-remote a un effet très délétère sur moi. J’étais d’abord ravie : économies de temps de transport, gain en temps de sommeil, pas de prise de tête sur la tenue à porter, etc.
Mais finalement, pour un job de S.M., le full-remote c’est dur! (en tout cas, moi, je le vis mal).
C’est tout bon pour les dév, je pense, mais pour un rôle de S.M. très orienté « communication/facilitation », c’est difficile.
Je n’arrive pas à mettre de la chaleur dans les communications, dans les réunions (1)… Je n’arrive pas à me faire intégrer même, je dirais. Je me sens « de trop ». Alors que dans la « vraie » vie, j’ai généralement des facilités à communiquer mon enthousiasme et ma chaleur.

(1) Réunions auxquelles les dév sont +/- allergiques, en plus.

Et finalement, je me sens bête, mal-aimée et inutile. :frowning_face:
(est-ce que c’est un coup de blues passager, lié à la fatigue, et à la grosse pression du début? Je viens à peine de valider ma période d’essai. Peut-être que c’est juste un passage « décompensation »?)

En tout cas, je commence à penser sérieusement à chercher quelque chose ailleurs.

J’aimerais bien rester Scrum Master encore un petit peu, mais en hybride « on premise/remote », ou encore mieux, j’aimerais devenir P.O. !
Mais je crains que mon absence de background technique et ma minable expé de SM (1 an, si je pose ma dém à la rentrée) ne suffisent pas à convaincre un employeur de me donner ma chance comme P.O.

En tout cas, je vais arrêter de répondre « non » aux recruteur-ses de la place (qui m’accostent sur Linkedin, notamment) et écouter ce qu’elles-ont ont à me dire ! :wink:

C’est souvent quelque chose que je conseille de faire, de rester à l’écoute, de discuter. Même si tu ne compte pas partir, ça te permet d’être plus sereine dans ton job, si tu sais que tu peux changer facilement en plus de te rendre compte des choses qui te feraient partir (ou non).

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Pour être PO, ça aide d’avoir de l’expérience dans le produit (mais pas obligatoire), mais dans la technique, je ne pense pas que ce soit un problème.

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Pour moi, ce que je demande à un PO c’est d’avoir de l’expérience en sociologie, en ergonomie, en analyse des systèmes, en UX, en marketing, et la technique c’est bien l’un des derniers trucs qui m’arrive en tête.

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Ca m’intéresse de comprendre ce que tu mets dans ergonomie vs UX pour comprendre pourquoi tu les distingues @Samuel_Abiassi .

Elle est simplement une séparation pour moi dans les espaces que ça englobe. L’UX se trouve autant dans la solution que dans le problème et l’ergo se trouve que dans la solution. Mais par extension, l’ergo fait effectivement partie de l’UX.